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La Roue de l'Energie : Tomi Ungerer

  • Photo du rédacteur: Didier Guénin
    Didier Guénin
  • 9 févr. 2020
  • 3 min de lecture

Tomi, déjà un an que tu es parti rejoindre les anges… Est-ce pour goûter à la part des anges ? Plusieurs fois Tomi m’avait proposé de venir le voir en Irlande. Je n’ai jamais su trouver le temps. Il y a des choses dans la vie qui vous tiennent à cœur et que pourtant vous poussez devant vous, comme une possibilité souhaitée mais que vous ne concrétisez pas. Et les années passent. Je ne me suis pas rendu en Irlande. Mais Tomi est bien vivant dans mes pensées affectueuses et admiratives.


Tomi, c’est pour moi une rencontre d’exception. Une rencontre humaine d’abord avec un homme au talent immense. C’est avec Thérèse Willer, la Conservatrice du Musée Tomi Ungerer Centre international de l’Illustration de Strasbourg, que j’ai appris à connaître son œuvre, ses sources d’inspiration. C’est avec Michel Fuchs que j’ai appris à connaître l’homme, c’est avec Robert Walter que j’ai approfondi la connaissance de ses œuvres. C’est ainsi, alors que j’avais l’immense honneur de présider le Musée Electropolis et diriger le Groupe ES, qu’est née de cette proximité tissée entre l’artiste et les entreprises EDF et ES l’idée de commander à Tomi Ungerer la Roue de l’Energie, interpelant les débats énergétiques dans leurs acceptions industrielles, environnementales, géopolitiques et sociétales. Comment décrire cette œuvre monumentale ? Dire qu’il s’agit de deux grenouilles en bas-résille qui pédalent activant une roue à eau aux couleurs de l’Europe sur des flotteurs en forme de poissons pavoisés des drapeaux français et allemands entremêlés ne dévoile en rien l’œuvre. Dire que l’œuvre en métal peint touche les quatre mètres de hauteur et produit réellement quelques dizaines de watts ne renvoie qu’au savoir-faire et à l’enthousiasme des étudiants de l’INSA et des techniciens de NSC Schlumberger et d’ATS Color’s. Pour recevoir l’œuvre de Tomi Ungerer il faut revenir à son enfance, à son père, à son grand-père et à son arrière-grand-père, horlogers, tant les rouages sont le cœur même du mécanisme. Il faut pénétrer la présence multiple des grenouilles dans l’œuvre de Tomi et son rapport érotisé aux bas-résilles, savoir son engagement écologiste et sa dénonciation de l’arme nucléaire, et connaître son lien riche et nourri avec l’énergie et l’électricité. Il importe surtout de revenir à l’enfant et l’homme alsacien qu’est Tomi, à son vécu, à la France, à l’Allemagne et à l’Europe. Accompagner l’émergence de cette œuvre fut une aventure extraordinaire.


La créativité de Tomi, son incroyable jeunesse d’esprit, sa totale liberté sont pour moi des valeurs essentielles auxquelles je suis profondément attaché et qui font que je suis heureux de ces moments partagés et de notre complicité dans le cheminement de cette œuvre. Il est un autre point, fondamental, sur lequel Tomi et moi nous nous retrouvions, c’est notre conscience environnementale et notre perception de la place de l’énergie nucléaire dans la réponse aux enjeux énergétiques planétaires. Lors de l’inauguration de la Roue de l’Energie Tomi a commencé par ces mots : « il faudrait que je fasse ici un état de conscience… vous savez tous que je suis un vieil écologiste, j’ai même écrit plusieurs livres, dont le Schwarzbuch, il y a quelques années, justement contre l’énergie, les risques de l’énergie nucléaire. Mais étant donné les temps actuels, pour avoir gardé les idées claires, il n’y a pas d’autre choix pour le moment. C’est une chose que j’ai dû accepter vis-à-vis de moi-même. »


Tu es Tomi vivant à travers ton œuvre immense, dans la tête de plusieurs générations qui se sont émerveillés devant les trois brigands ou son resté pensifs et admiratifs devant la puissance de tes illustrations. Tes messages de paix, de tolérance et de vitalité cheminent encore et encore…

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