Covid19 en 12 questions
- Didier Guénin

- 3 oct. 2020
- 4 min de lecture

La France est actuellement et de loin le pays d'Europe qui connait la plus forte circulation du Covid19. Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne marche pas en France ? Seule une analyse a posteriori permettra un diagnostic pertinent. Néanmoins certains faits devraient déjà nous interroger.
Depuis plus de 6 mois le virus s'est installé dans nos vies, de façon brutale d'abord faute de n'avoir pas eu la clairvoyance sinon d'une anticipation, il est illusoire en matière de crise de tabler sur la capacité anticipatrice, du moins d'une vigilance prudente comme en ont fait preuve nos amis Allemands ou Norvégiens. Ensuite nous avons appris les gestes barrières, nous nous sommes habitués individuellement et collectivement à porter le masque. Qu'avons nous retenu comme enseignement en six mois ? Pas grand chose hélas pour ce qui est de la France. Semaines après semaines notre caste sachante reproduit les mêmes erreurs, au premier rang desquels un manque de modestie. Et pour masquer sa vacuité réelle, elle développe avec une inexorable et contreproductive méthode l'infantilisation et de culpabilisation. Gérer une crise est par essence compliqué et les "faudrait faire ci ou ça" ne font pas avancer le navire. En revanche questionner le vécu de la crise pour en tirer de la compréhension, et par voie de conséquence du mieux agir, est nécessaire et surtout indispensable, alors que le terrible cap des 1 millions de morts a été franchi.
1>> La première des choses qu'il conviendrait de reconnaître serait que les virus existent depuis plus 3 milliards d'années, l'homme 8 millions d'années, l'homme moderne autoproclamé omniscient 30 ans, plus ou moins. Autant dire que le virus obéit assez peu au règles édictées par nos élites ! La première des intelligences serait donc de reconnaître qu'il nous faut vivre avec.
2>> La seconde chose qui interpelle tient à la réaction première des Etats occidentaux. Rappelons nous que le Covid19 a commencé par frapper 5 pays d'extrême Orient dont un régime autoritaire et quatre régimes peu ou prou démocratiques. Le régime autoritaire a imposé un confinement. Les 4 autres régimes ont mis en place des politiques de prévention massives : masques, tests, recherche des cas contacts, isolement des clusters. Qu'ont fait l'Italie immédiatement suivie par la France et l'Espagne : copier la méthode autoritaire. Cela pose question et mériterait d'être analysé plus avant.
>>3 Pourquoi face à une réalité qui s'affichait clairement en Asie, puis en Europe nos dirigeants ont commencé par nier l'évidence? Macron en allant ostensiblement au théâtre, Johnson en serrant les mains, Bolsonaro et Trump par des propos hallucinants. Comme par hasard les 4 pays de ces dirigeants comptent désormais parmi les 8 pays les plus atteints. La négation d'une réalité retarde la mise en œuvre de l'action.
>>4 Après le déni, le mensonge. D'entrée de jeu le gouvernement français, au lieu de dire la vérité : nous n'avons pas de masques, faites en vous-même (ce qui s'est finalement mis en place par l'addition des volontés individuelles) a préféré raconter des carabistrouilles aux Français avec un 1er Ministre déclarant que le masque ne servait à rien, et une porte du gouvernement nous expliquant que nous étions trop bêtes pour savoir les porter ! Infantilisation.
>> 5 Erreur de priorisation. Le Président français a décidé que sa ministre de la santé irait faire campagne municipale et quitterait son ministère en rase campagne au lieu de préparer le pays à affronter la crise qui se profilait.
>>6 Infantilisation encore ! La France a été le seul pays au monde où le gouvernement a demandé à ses citoyens de se signer à eux-mêmes une autorisation de sortie !
>>7 Infantilisation toujours ! Le Président français a mis en place durant le confinement un dialogue monarchique avec les français. La parole ne pouvait venir que du sommet sur un ton de sachant et d'énonciation martiale. Comme si une épidémie était une guerre !
>>8 Culpabilisation. Durant le confinement le Ministre l'intérieur a été plus visible que le Ministre de la santé. Comme si la priorité des pouvoirs publiques était de lutter contre la soit disant indiscipline des français plutôt que de parler à la leur intelligence.
>>9 Culpabilisation encore, quand régulièrement le 1er Ministre ou d'autres ministres ne se privaient pas de publiquement dénoncer le comportement de la population qui ne faisait qu'agir avec le peu d'informations dont ils disposaient. Aujourd'hui encore essayez de sachant en un lieu donné quelles mesures d'appliquent.
>>10 Anxiété quand les citoyens se sont retrouvés face à face avec un gouvernement sans pédagogie et des médias en continu nous abreuvant de poncifs anxiogènes et de contre vérité renforçant ce sentiment.
>>11 Effacement de la parole publique rassurante, pédagogue, empathique. En France, comme ailleurs au demeurant, les politiques se sont abrités derrière la paroles d'experts qui ont été mis en-avant médiatiquement dans une pseudo gouvernance des savants.
>>12 Absence de démocratie réelle. Les corps intermédiaires et les citoyens ont été tenus à l'écart des décisions. Évidemment en Temps de crise il est urgent de parer au plus pressé. Mais pourquoi concernant les mesures préventives ne pas associer et consulter largement. Les pouvoirs exceptionnels voté ont été utilisés pour nier dans certains endroits ne serait-ce que l'expression légitime des angoisses. On le voit avec les mesures qui se succèdent face à la montée récurrente du niveau d'alerte face à la deuxième vague. Qu'a t on fait durant l'été ?
Douze constats et questions auxquels il est sûrement prématuré de répondre aujourd'hui, mais qui mériteront d'être analysés, car la réponse que nos dirigeants ont apporté et apportent à cette crise interroge profondément les modes de fonctionnement de nos sociétés démocratiques ! Or cette crise pour dramatique qu'elle soit n'en est pas moins très faible hélas au regard des crises qui s'annoncent du fait du réchauffement climatique. Nous allons avoir à gérer beaucoup plus grave. Que cette tempête nous enseigne comment naviguer face aux ouragans qui se profilent...





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