Le Kremlin risque le conflit global en Ukraine
- Didier Guénin

- 12 mars 2022
- 2 min de lecture

Au quinzième jour de l'agression militaire en Ukraine, celle-ci s'enlise dans un conflit de positions. Le prix du sang payé par les Ukrainien est terrible, auquel s'ajoutent la terreur de ceux qui restent et le désarroi de ceux qui fuient. Côté militaire, même si les chiffres se parent de secret, les pertes sont fortes tant du côté de ceux qui défendent leur terre et leur liberté que du côté des agresseurs. Le maître du Kremlin a perdu son pari insensé d'une guerre éclair et facile. C'est désormais toute la puissance militaire russe qui est engagée et contenue par les ukrainiens, c'est la faiblesse économique russe qui se révèle. Et le Kremlin est obliger de réprimander fortement les quelques fissures d'expression anti-guerre dans la chape autocratique qui musèle la Russie.
Le maître du Kremlin aura contre toute attente réussi à resserrer les liens entre les européens, à pousser les pays des balkans et de la mer noire vers l'Europe, à contrainte la Chine à s'abstenir, à redonner des raisons d'être à l'OTAN, à renforcer le sentiment occidental des Ukrainiens. Tout ce que ce le Kremlin exsécrait. Il est en échec sur toute la ligne. C'est bien cher payer l'opération folle de cette tentative d'annexion.
Si la supériorité de l'arsenal militaire donnait au russe l'avantage, gérer une population d'une cinquantaine de millions de personnes hostiles est un défi logistique et tactiques ni n'a jamais réussi dans l'histoire moderne. Sans compter les risques de troubles internes devant les mères qui pleureront leurs fils morts au combat ou face aux pénuries et surencherissement de la vie quotidienne. Même une domination militaire immédiate peut engendrer un pourrissement létal de la situation.
Et si, le pire n'étant jamais certain, l'héroïsme ukrainien tient en respect les forces russes, c'est le lustre de la gouvernance du Kremlin qui en patira. C'est sans doute ce qui pousse Poutine à brandir la menace nucléaire car il se sent menacé, mais c'est lui-même qui s'est mis en péril. Ceci n'en rend d'ailleurs que plus imprévisible l'homme. Même s'il ne faut pas ignorer la rationalité de son raisonnement.
Quelle que soit l'issue des actes guerriers en cours, ce sera pour le Kremlin un échec. Sauf que les deux schéma ne se valent ne serait-ce que par le prix du sang que sont amenés à payer les ukrainiens. Ils ont toute notre solidarité.
En convevant cette attaque folle par son ampleur, le maître du Kremlin a engagé durablement la position géopolitique du regime Russe. Sans doute la molesse de la réaction occidentale face à l'invasion de la Crimée et des agressions en Géorgie et dans les régions séparatistes du Donbass, parce que les démocraties répugnent à se battre quand l'essentiel n'est pas en jeu, l'a amené à croire que l'occident laisserait faire.
C'est commettre là une erreur d'analyse profonde. La démocratie est comme la neige molle qui se durcit sous l'emprise du froid.





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